2010 - L'odyssée d'un elfe ...
En créant ce blog, je sui partie dans le grenier de mes fichiers, à la recherche d’un début. Je ne l’ai pas trouvé. En revanche, j’ai redécouvert ce texte, écrit il y a 4 ans maintenant, juste avant que le monde ne s’ouvre sous mes pieds...
Je pense que ce texte est le début de l’histoire que je partage avec vous aujourd’hui.
La tempête se déchaine dehors, le ciel est tout en nuance de gris. Cela s’accorde avec mes sentiments. J’aime les tempêtes et j’aime le vent comme la pluie. J’y puise mon énergie... Je suis un Elfe de l’océan.
" J’aimerais tant, alors que j’écris ces premiers mots être installée dans la maison près de Doolin, devant la fenêtre, et regarder au loin l’océan.
C’est un village pas comme les autres dans un coin spécial, blotti entre les Falaises de Moher, le Burren et l’Atlantique majestueux. Pour moi, c’est un endroit d’une beauté indescriptible et d’une tranquillité sans pareil où l’on peut se rafraîchir le corps et l’esprit.
Doolin est une vraie merveille préservée.
A ces pieds, j’imagine les îles d’Aran, heurtées par les vagues venues du large, s’écrasant furieusement, se jouant d’un éternel commencement. Si bien conditionnées par les forces de l’océan, par les forces de l’eau, de l’univers aussi. La mer, cette marmite bouillonnante qui entretient si bien la vie...
Admirant les nuages et leurs longs panaches blancs arrachés par le vent. Déchiffrant ces volutes et ces mouvements, les blancs étincelants s’éloignant tout doucement...
Imaginant en les regardant, le dessin subtil qu’ils montrent à chacun, pourvu d’un peu d’imagination... d’un peu de temps...
La maison, située dans le comté de Clare, domine la côte accidentée.
Par beau temps, j’aperçois les silhouettes des îles.
Inishmore, la grande, assez importante pour accueillir des bateaux de pêche en son sein et nourrir des champs de blé dominés par les vestiges de chapelle, d’église et d’école.
Et ses sœurs discrètes et présentes aussi, Inishmaan, la moins fréquentée malgré son fort pittoresque, le Dun Conor et Inisheer, la plus petite, la plus sauvage et la plus proche de moi.
Sur ces îles, on parle essentiellement le gaélique et certaines traditions sont conservées, comme la construction des Curraghs ( bateaux en toile goudronnée ) ou la fabrication des Pampooties ( chaussures sans talon en peau de mouton ), sans oublier les pulls de pêcheurs atypiques...
Je repense à toutes ces petites îles à l’abri d’une grande...
Ces îles d’Irlande ont pour hôtes les vestiges des premiers celtes et les huttes en pierre, refuge des moines chrétiens. Le reste n’est que fragments de roches, bordés d’écume, refuge des phoques, des loutres et des oiseaux marins.
Ces îles superbes, chacune fières des sentiments de solitude et de réserve qu’elles m’inspirent.
Devant elles, je me sens petite et dans mon élément...
J’aimerais par un matin serein, dans la brise portant l’écho régulier du rivage, plisser les yeux, éblouie par les scintillements marins, tandis que l’herbe ondule doucement à côté de moi... tandis que la lande murmure autour de moi...
Ou bien, sous un ciel bleu charriant une myriade de nuages, juchée sur les pierres d’une ruine voisine, contemplant au matin, les îles obscurcies par les ombres des nuages du grand large, goûtant les nuances infinies des gris colorés succédant au camaïeu de bleus...
Ou encore, un jour gris, exposant mon visage à la pluie, attendant l’arc-en-ciel comme le font les enfants... y mettant la même ferveur, le même engouement...
Cherchant la consolation dans les souvenirs. Refaisant tout les signes de la main que j’ai envoyé et ceux que j’aurais reçu, en passant...
J’aimerais revoir les pentes obscures de l’océan d’argent, la coque noire d’un curragh couché sur son flanc, dans le varech luisant...
Je pense à toutes ces embarcations faites d’une ossature légère en bois, recouverte de cuir ou de toile, que j’ai vu glisser presque miraculeusement sur la crête des vagues... comme portées par la croyance des hommes et la force des éléments. Elles me paraissent si frêles cependant... et si fortes au demeurant...
La petite histoire fait que ces bateaux soient entreposés à l’envers sur des blocs la plupart du temps.
Et pour la remise à l’eau, quelques hommes se glissent en-dessous et les portent sur leurs épaules pour les amener jusqu’au rivage.
C’est pourquoi, dans la péninsule de Dingle, au sud, on appelle ces bateaux “ Naomhóg “, littéralement “ le coléoptère “ car c’est effectivement l’image qui vient à l’esprit quand on voit ces drôles d’insectes avec leurs carapaces et leurs multiples pattes, marcher sur la plage.
J’aimerais les regarder en ce moment...
J’aimerais un soir de vent d’ouest, d’éclaircies et d’averses...
Mais je viens de me faire foudroyer.
Alors je pars presque à l’aventure... presque...
Je ne sais pas où je vais et je ne sais pas ce que j’y trouverais.
J’hésite encore sur le sort à me réserver...
© NEGW - 2010. "